Lundi matin, je suis parti en direction de la montagne en face de chez moi, pour une randonnée de trois jours. L'idée de cette virée était d'utiliser du matériel expérimental fabriqué par mes propres soins ou glané au cours de mes voyages.
Mais comme toujours, rien ne se passe comme prévu, et dès les premiers pas, la neige commence à tomber abondamment. Les traces faites mercredi lors du repérage avec mon pote Guillaume sont recouvertes par 20 cm de neige fraîchement tombée.
Il est midi, on est à 1000 mètres d'altitude.
Mon traîneau chargé au maximum.
Je vous présente Woopa, qui va m'occompagner lors de cette aventure.
Le premier constat est que mes vêtements sont efficaces pour le moment, je n'ai pas froid, et je ne suis pas mouillé,
Ma toute nouvelle doublure de capuche et mon col me protègent parfaitement du vent.
Le chargement sur la luge à droite est celui de Benoit Vannet, pote de lycée qui va s'occuper des photos et de la logistique. Il est aussi le tuteur légal de Woopa.
Cette première expérimentation grandeur nature a pour but de mieux comprendre l'utilisation de mon matériel.
Est ce que mes vêtements suffisent?
Est ce que je vais avoir froid?
Comment va se comporter mon traîneau? Est il assez solide?
Mes toutes nouvelles raquettes vont elles êtres efficaces? Vont elles casser?
Et pleins d'autres questions auxquelles j'ai envie d'avoir quelques réponses.
Le paysage est superbe, et la forêt silencieuse. L'occasion de faire quelques beaux plans séquences.
Je me repose après une grande traversée dans la poudreuse!
Et Woopa aussi!
Je coupe quelques perches pour confectionner mon abri.
Woopa
Mais les soucis commencent...
On perd du temps, notre progression est lente dans cette neige épaisse. De plus, nous voulons de belles images, ce qui prend du temps à mettre en place.
Nous sommes à 1150 mètres et l'heure avance.
Nous nous enfonçons plus avant dans les bois, la piste descend un peu, avant de recommencer à monter.
Je dois sortir mes raquettes pour pouvoir avancer... Elles vont niquel!
Je ne m'enfonce pas, elles sont légères, et elles semblent résiter aux chocs.
Mais le plus dur est à venir. Devant nous, 200 mètres de dénivelé à gravir.
Et je dois m’arrêter au bout de 10 mètres... Woopa est devant et mes raquettes glissent. La pente est trop raide et je n'arrive pas à faire avancer mon traîneau.
Je transfère mon sac sur le dos, et modifie la charge. Ce qui me permet d'avancer difficilement mais d'avancer quand même.
La montée est terrible, et malgrès tous mes efforts je suis très lent et je refais petit à petit la liste des choses que j'aurais pu ne pas prendre dans mes affaires.
Nous sommes tous les trois très chargés, mais Benoit, le plus en forme, fait la trace et prend de l'avance.
Woopa me soulage et m'aide vraiment à avancer.
Dans une dernière cote, je suis obligé de laisser mon traîneau et de monter mon chargement en deux fois avec l'aide de Stéphane.
Benoit arrive le premier et reviens nous soulager à son tour.
Lors que nous arrivons au camp de base, situé à 1340 mètres d'altitude, il est plus de 18h00. Je cherche un emplacement non loin de la cabane prévue pour abriter l'équipe, et nous installons la caméra sans tarder. Je dégage quelques branches, créant un espace sous les sapins. Grâce aux perches ramassées plus tôt, je fabrique une sorte de dôme recouvert d'une grande peau de vache.
Il est 19h30, je suis trempe, il fait froid et la nuit tombe, je ne vois presque plus rien, mais j'arrive quand même à allumer un feu avec ma marcassite.
J'ai sur mon traîneau un grande peau d'élan et deux peaux de rennes. J'ai aussi un pantalon ainsi que des chaussures et des gants de rechange, le tout parfaitement sec. Mais j'ai trop froid, il me manque une épaisseur sur le haut du corps car ma veste mouillée. Je n'ai pas non plus eu le temps de préparer du bois ni de finir mon abri avant que la nuit tombe.
C'est une défaite pour moi, mais je suis contraint de rejoindre mon équipe pour me réchauffer et faire sécher mes vêtements. Je suis tout de même très content de cette première journée, riche d'enseignements, même le temps m'a manqué pour tout faire.
Nous visionnons les images qui nous redonnent du courage, et mangeons tous les trois autour d'un bon feu, avant d'aller se coucher.
Demain nous devons partir dormir sur les crêtes à quelques heures de marche, mais la neige continue de tomber. Je dois dormir entre des roches sous lesquelles j'ai porté du bois lors des repérages il y a un mois.
Mon équipe doit elle dormir sous la tente. Mais dehors nos traces disparaissent déjà sous la neige qui tombe sans discontinuer.
A regrets, nous devons changer nos plans.
Demain, nous partons plus léger, peu de nourriture, pas d'affaire pour dormir ni de rechange et on fait juste l'aller retour. J'anticipe ce moment depuis si longtemps! Nous devons atteindre ces roches sur lesquelles je rêve de faire des images depuis près de sept ans!
Je suis un peu déçu, mais les conditions météo nous forcent à la prudence.
Je dois m'occuper des photos pour vous raconter la suite.
A très bientôt,
Flo